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Budget 2025 : le CA de l’université de Lille sonne l’alarme
motion adoptée en CA du 28/11/2024, à l’unanimité
vendredi 29 novembre 2024
Le Conseil d’Administration de l’université de Lille réuni ce 28 novembre 2024 s’alarme de la baisse significative de la Mission interministérielle sur la recherche et l’enseignement supérieur (MIRES) dans le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 adopté en conseil des ministres.
Alors que ce dernier ne prévoit aucune augmentation du point d’indice en 2025 au mépris d’une inflation en 2024 évaluée à 2,6%, il ajoute à cette économie drastique une baisse en valeur du budget de la MIRES de 553M€ par rapport au PLF 2024.
Il s’agit là de la plus faible part du budget de l’Etat consacré à l’enseignement supérieur depuis plus de 20 ans. Dans le détail, cette baisse touche particulièrement les programmes
- P190 (recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durable : -320 M€),
- P192 (Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle : -317 M€),
- P142 (Enseignement supérieur et recherche agricole : -11 M€)
- et P231 (Vie étudiante : 77M€).
Si le P150 (formation supérieure et recherche universitaire) bénéficie d’une légère augmentation (+0,65%), celle-ci sera inférieure à l’inflation.
La situation financière des universités est devenue intenable, et c’est la conséquence des mesures nationales prises par l’État sans qu’elles ne soient compensées. Ainsi, pour l’Université de Lille, les mesures salariales ont représenté une charge supplémentaire de 8,6 millions d’euros depuis 2022. Lors de leur rencontre avec le ministre le 21 novembre, les Présidentes et Présidents lui ont exprimé tout à la fois leur crainte et leur colère.
De nouvelles menaces sont apparues. Le Ministre s’est engagé à renoncer à prélever I % supplémentaire sur les budgets des établissements pour créer un fonds de solidarité. Mais si le Gouvernement confirmait son intention d’augmenter, sans compensation, le Compte d’Affectation Spéciale pension (CAS) — destiné au recouvrement et à la gestion financière du régime des retraites de l’Etat , c’est un nouveau surcoût estimé à presque 8 millions d’euros qu’il va prélever sur le budget 2025 de l’Université de Lille.
Les Présidentes et Présidents ont prévenu le Ministre : le Gouvernement doit aujourd’hui assumer les décisions qu’il prend. Les universités ne pourront plus les absorber et seront pour certaines en incapacité de payer les salaires de leurs personnels.
Alors que beaucoup d’étudiant-es sont en situation de précarité sociale, alors que les conséquences du changement climatique sont de plus en plus visibles et que la réindustrialisation est à l’agenda politique dans les discours, le CA de l’Université estime que le budget de la MIRES proposé par le gouvernement n’est pas à la hauteur des enjeux sociaux et des défis planétaires et aura des conséquences néfastes sur le fonctionnement desétablissements d’enseignement supérieur.
Le CA de l’Université de Lille rappelle une évidence : le service public de l’enseignement supérieur n’est pas une charge mais un investissement pour l’avenir de la nation.
Le CA souligne que les établissements d’enseignement supérieur publics, dont l’Université de Lille, ont absolument besoin d’une augmentation significative de leur subvention pour charge de service public (48 millions € pour permettre à l’université de Lille d’atteindre la moyenne nationale) pour, d’une part, investir dans la rénovation énergétique des bâtiments et tenir les ambitions du Plan Climat de 2017 et, d’autre part, financer un plan ambitieux de création de postes de fonctionnaires afin d’assurer efficacement leurs missions d’enseignement supérieur et de recherche, d’encadrer correctement la formation de leurs étudiant es, et de lutter contre les risques psycho-sociaux largement responsables des arrêts maladie que le ministre de la
Fonction publique juge excessifs.
Si ces revendications n’étaient pas prises en compte, l’Etat prendrait la responsabilité de contraindre les universités à n’avoir d’autres choix que de remettre en cause notre rôle d’ascenseur social du territoire, en particulier l’accueil en premier cycle nos politiques en faveur de l’épanouissement du public étudiant, à travers le sport et la culture notre politique sociale interne, vecteur d’engagement de notre communauté universitaire nos actions de recherche et de valorisation, indispensables à la contribution aux enjeux de transitions notre implication dans le développement intellectuel, social et économique du territoire.
Université de valeurs, l’Université de Lille refuse d’être condamnée à dégrader la qualité de ses formations et de sa recherche, au détriment de l’avenir de sa jeunesse.
Voir en ligne : Punir plus fort les agents publics malades pour faire des économies