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L’EPEX arrive à grands pas !

samedi 21 novembre 2020

Parmi les décisions démocratiquement prises dans la chambre d’enregistrement de l’université dénommée conseil d’administration, il y la décision de création de l’établissement public expérimental lillois « Université de Lille – 2022 »).
Le projet de statuts de ce nouveau meccano - pardon, "emboîtement des personnalités morales et juridiques en phase expérimentale" (sic.) - a été communiqué début novembre aux personnels, avec l’objectif d’un vote définitif des CA d’établissements en février-mars 2021  ! (Disponible sur le site de l’I-SITE, onglet « Université de Lille – 2022 ») .
Rendu possible par l’ordonnance du 12 décembre 2018, l’EPE(X) permet de déroger à différents garde-fous du code de l’Education (concernant la composition des conseils, les frais d’inscription différenciés, etc.).

Nous désignons ici cet établissement public expérimental par l’acronyme EPEX, bien que la direction préfère l’appeler l’EPE. L’ajout du X rappelle l’origine du projet qui est désormais soigneusement occultée dans la propagande officielle : la course aux financements d’eXcellence, même s’il ne s’agit plus de décrocher un IDEX (comme c’était l’objectif avec la fusion des universités lilloises), mais seulement maintenant de ne pas perdre l’I-Site.
Sans surprise, le projet de statuts confirme l’analyse que nous avions faite des grandes lignes du projet présenté en 2019 (à retrouver ici) .
La nouveauté - si l’on peut dire, car c’était prévisible - c’est que les autres établissements devant intégrer l’EPEX (Sciences Po, Centrale Lille, ENSAPL et... l’ESJ, un Établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) bénéficient d’un rapport de force considérable dans la définition du fonctionnement du futur établissement, puisque leur refus ferait capoter le projet (et donc perdre l’I-Site, obtenu en lot de consolation suite à la fusion des universités...). Par conséquent, les engagements de ces "établissements-composantes" dans le fonctionnement de l’EPEX sont très réduits et leur poids très élevé au regard du nombre de personnels et étudiants qu’ils représentent (sans parler de leurs activités de recherche, quasiment nul pour l’ESJ). Ils conservent la personnalité morale et juridique, leur autonomie budgétaire, leur propre politique de recrutement et de ressources humaines, sanctuarisent leur diplôme... et auront un droit de regard sur la politique de l’EPEX. Autrement dit, ils auront le beurre et l’argent du beurre, et peut-être aussi le sourire ravi de ... l’université de Lille, qui y perd son autonomie de décision.

Vous avez aimé la fusion ? Vous allez adorer l’EPEX ! car on peut être certain que les promoteurs de "l’Université de Lille - 2022" organiseront un referendum rapidement (vu le calendrier très restreint) qui accordera sans doute possible une indispensable légitimité populaire au projet présenté au jury IDEX/I-Site. N’ont-ils pas chevillée au corps "une conception exigeante du service public, du débat d’idées, de la culture scientifique et de l’esprit critique », tel que l’indique le préambule de l’avant-projet de statut ?