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Et qu’ça SWOT !

Contribution de la FSU au document "Perspectives stratégiques" de l’université de Lille

vendredi 26 avril 2024

SWOT pour les formations, SWOT pour les laboratoires, SWOT par-ci, SWOT par là... L’exercice de la "pensée-tableur" est de rigueur en cette période de préparation du contrat quinquennal 2026-2030 de l’université de Lille. Pour rendre compte à l’HCERES des réalités vécues par les personnels, conséquences des politiques menées au niveau national, la FSU a donc fourni à la direction de l’université sa contribution, sous forme de SWOT, pour en faciliter la lecture !

En effet, aucun des différents documents qui ont été fournis aux élu⋅es des personnels (dans les conseils centraux ou en comité social d’administration (CSA)) ne nous semble rendre compte de ces réalités vécues globalement par les "petites mains" qui travaillent à faire fonctionner l’université au quotidien. De plus, comme ces documents sont adressés à l’HCERES - donc au ministère, principal financeur de l’établissement et futur signataire du contrat quinquennal -, personne n’ose dire trop clairement quels sont les problèmes, puisqu’ils découlent des politiques menées !

La FSU pense que ces choses doivent être dites, partout où c’est possible et publiquement, pour informer les citoyen⋅nes des réalités d’un service public malmené (comme les autres...) et qui est un champ d’expérience privilégié des politiques néolibérales depuis la fin des années 1990.
Ci-dessous, notre SWOT syndical (également en document attaché à cet article, avec le document "axes stratégiques" fourni aux élu⋅es des conseils centraux et du CSA)

Forces
 les personnels, de tout statut, et leur investissement dans toutes les missions de l’université, dévoués à leur tâche jusqu’à l’épuisement parfois ;
 les étudiant·es qui témoignent chaque jour de leur envie d’apprendre et de leur capacité à faire vivre nos campus et à y organiser la solidarité ;
 la multidisciplinarité, tant en formation qu’en recherche, avec de nombreuses disciplines rares et une recherche fondamentale fortement développée ;
 une forte inscription dans le territoire : l’université est le deuxième employeur local en nombre d’agent·es.
Faiblesses
 sous-financement avéré de l’État [1] ;
 déficit structurel d’encadrement, aggravé par les suppressions d’emploi opérées depuis 2018 [2] , redoublé par des inégalités entre composantes ;
 vieillissement des personnels suite aux politiques de non-remplacement et de recul de l’âge de la retraite
 précarité d’une partie importante des personnels, entraînant un fort turn-over sur les postes => surcroît important de travail à tous niveaux [3] ;
 précarité étudiante structurelle et en augmentation ;
 patrimoine en partie dégradé et qui se dégrade de plus en plus faute de financement suffisant pour le réhabiliter ; passoires thermiques qui alourdissent le bilan d’émission de gaz à effet de serre et grèvent le budget de l’établissement ;
 subsidiarité et transfert de compétences aux composantes réalisé à moyens constants ;
 manque d’autonomie de l’Université et de libertés académiques des enseignant.es-chercheur.ses par rapport aux pouvoirs politiques nationaux et régionaux [4].
Opportunités
 centralité de la formation et de la recherche dans la société, qui sera renforcée à l’avenir par le besoin d’adaptation au changement climatique ;
 l’émancipation et le développement de la pensée critique par le savoir, et non uniquement à partir de compétences opérationnelles, pour une insertion professionnelle durable et une évolution de carrière de qualité ;
 la prise en compte de la formation à la citoyenneté dans les diplômes [5] ;
 rénovation des bâtiments vétustes en projet (en particulier dans le cadre des CPER, comme indiqué dans le document de la présidence).
Menaces
 réglementations et "incitations" ministérielles sans cesse en évolution : injonctions contradictoires (dont le fond est généralement de faire plus avec moins) ;
 course à l’échalote permanente créée par les innombrables appels à projets nationaux (et locaux), aux faibles taux de réussite (et qui augmentent les inégalités entre établissements) ;
 avenir institutionnel incertain et sortie de l’expérimentation qui s’organise sans débat [6] ;
 conditions de travail dégradées, travail empêché => épuisement au travail et perte de sens => santé au travail dégradée ;
 individualisation des rémunérations déjà existante pour les EC et annoncées par Guérini pour l’ensemble des agents publics => augmentation de la concurrence entre individus et des tensions dans les collectifs de travail ;
 absence de politique résolue de la part de l’État pour réhabiliter le patrimoine dégradé ;
 restriction des possibilités de recherche : austérité budgétaire, orientation contrainte par les AAP, difficulté de travailler sur des sujets sensibles, ZRR,... ;
 contraintes pédagogiques : approche par compétence imposée de façon unilatérale, diminution des heures d’enseignement au profit de “situations d’apprentissage et d’évaluation” [7], logique d’évaluation pilotée par la performance développant plus le contrôle des comportements que de l’acquisition des savoirs ;
 un pilotage des formations exclusivement par le marché du travail et les logiques comptables ;
 nouvelle réforme de la formation des enseignant⋅es imposée sans concertation et dans l’urgence, au mépris des personnels et étudiant⋅es concerné⋅es [8]

[1Par exemple, pour la dotation de l’Etat (SCSP), l’Université de Lille reçoit annuellement 2500€ de moins par étudiant⋅e qu’Aix-Marseille Université. Idem sur nombre d’appels à projets

[2Suppressions pudiquement dénommées « gels » en novlangue universitaire

[3Surcroît de travail administratif pour les opérations de recrutement, contrats, avenants, etc. mais aussi de formation au poste des contractuel⋅les dans les services, ou de compensation de l’absence de personnel en cas de problème de recrutement

[4Cf. par exemple l’affaire de la conférence sur la Palestine du 18/04/2024

[5Et pas que pour fournir de la main d’oeuvre gratuite aux JOP 2024 ou à la coupe du monde de rugby 2023

[6Par exemple dans le document sur les perspectives stratégiques de la présidence, il n’est pas indiqué précisément comment va évoluer le nombre d’élu⋅es issu⋅es de la communauté universitaire ; seulement que leur "représentation [restera] significative", ce qui est flou pour un point aussi important. Un poids de 20 ou 30% est-il “significatif” ?

[7qui ne développent bien souvent que des compétences opérationnelles (cf réforme des IUT)

[8et sans moyens supplémentaires (évidemment !) pour créer les nouveaux enseignements qu’elle impose