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CA du 14/12/2023 : budget initial 2024, début de bras de fer avec le ministère ?

mercredi 17 janvier 2024

Le dernier conseil d’administration de l’année est un CA dit « budgétaire » où le budget initial 2024 est présenté. Comme dans beaucoup d’autres universités, le CA de l’université de Lille a adopté un budget déficitaire (de 18 millions d’euros). Il faut souligner que ce budget a été adopté plus difficilement qu’à l’accoutumée avec 25 pour et 16 contre.

Les élus de Servir ainsi que tous les nouveaux élus étudiants (Union étudiante, FAGE, UNEF) – à l’exception du représentant de l’UNI – ont associé leurs voix à celles des élus de la liste Alternative à l’EPEX contre ce Budget Initial. En ce qui concerne les élus de l’intersyndicale (CGT, FSU, SUD Education), plusieurs éléments ont motivé notre opposition. D’abord, comme cela a été souligné dans la présentation par la présidence, ce BI s’inscrit dans une « trajectoire pluriannuelle » avec un objectif d’équilibre en 2027 avec cinq pistes de travail pour ce retour à l’équilibre qui nous inquiètent pour les prochaines années  :

  • augmenter la part des ressources propres (la subvention de charge pour service public ne couvre déjà que seulement 76% des recettes de l’université),
  • diminution de la masse salariale (suppression de 110 postes de Biatss déjà actée),
  • gestion plus "raisonnable" des fluides,
  • réduction du coût de l’offre de formation
  • organisation plus rationalisée.

Plus fondamentalement, nous avons jugé que ce budget initial n’était « pas assez » déficitaire au sens où le signal envoyé au ministère n’est pas suffisant. Pire, ce déficit est même autorisé par le rectorat et le ministère, rappelant les propos de l’été de Sylvie Retailleau qui invitait les universités à utiliser une partie de leur fonds de roulement ! Ce changement de doctrine ministérielle est évidemment à mettre en regard avec le désengagement historique de l’Etat (en euros constants !) tel qu’a pu l’analyser le SNESUP dans son mensuel de novembre, eu égard à l’inflation et aux différentes mesures salariales non intégralement compensées par l’Etat.

Ce budget globalement insuffisant pour l’ESR n’est pas non plus en mesure de corriger les inégalités de dotation entre les établissements. La commission des Finances de l’université de Lille qui a présenté son avis en séance s’est largement fait écho de nos revendications :

« La Commission rappelle que ce BI s’inscrit dans un contexte où l’État sous-finance l’Université de Lille, au regard de sa taille, avec un déficit de financement en Subvention pour Charge de Service Public estimé à 48 millions d’euros (ce qui équivaut à la différence de SCSP par étudiant·e, qui s’élève à 6 185 euros à l’Université de Lille, contre 6 720 euros de moyenne nationale des universités, sans même parler des autres catégories d’établissement). L’Université de Lille a largement contribué à l’accueil de nouveaux et nouvelles étudiant·es dans les dernières années, avec des demandes du Rectorat pour l’augmentation des capacités d’accueil limitées (CAL) qui ont directement impacté les formations de l’établissement, sans compensation financière de l’État. Cette sous-dotation chronique s’ajoute par ailleurs à la non compensation de différentes mesures gouvernementales qui touchent tous les établissements comme a pu le déplorer, dans sa motion du 19 octobre 2023, le Conseil d’Administration de l’Université de Lille ».

En définitive, depuis la campagne pour les élections universitaires de 2021, nos analyses ont largement essaimé et le diagnostic que nous posions est désormais partagé. Alors que faire ?

De fait, la liste Pour une alternative à l’EPEX a recentré les discussions lors des derniers CA sur les formes de résistance que pourraient envisager les administrateurs et administratrices de l’université de Lille. C’est finalement du président lui-même qu’a émergé une modalité d’action radicale en réponse à l’intervention en séance de la représentante de la rectrice : si la subvention pour charge de service public de l’université de Lille n’était pas revue significativement à la hausse pour la rapprocher de la moyenne nationale, le président Régis Bordet a annoncé que l’université pourrait « ne pas répondre à Parcoursup » ! La proposition, exposée publiquement en CA après avoir déjà été suggérée dans d’autres cénacles, nous semble devoir être publicisée largement pour que l’ensemble de la communauté universitaire prenne conscience des enjeux. Pour qu’elle ait des chances de succès, la menace doit cependant encore gagner en crédibilité aux yeux du ministère. (NDLR : Pour l’heure, en parfaite cohérence avec la politique gouvernementale de l’école du tri social et du développement des formations privées, la réponse du rectorat semble plutôt être de diminuer le nombre d’étudiants (via la diminution des CAL de certaines formations) que d’augmenter la SCSP...)

Note de l’ordonnateur (grandes lignes budgétaires)