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Bientôt le retour du bonheur au travail pour tou·tes à l’université ?

lundi 12 décembre 2022

Lors de l’AG des personnels qu’il a organisée sur le site de Pont de Bois le 14 novembre dernier, le président a présenté son analyse de la situation de l’EPEX et livré divers éléments d’information sur les mesures décidées ou envisagées par son équipe.

École des cadres : le signe d’une prise de conscience des problèmes 

Le président a exprimé fortement sa volonté de lutter contre les mauvaises ambiances au travail, sur lesquelles alertent de longue date, inlassablement et à tous niveaux, les syndicats. Le président en reconnaît en effet l’existence dans de trop nombreux services au sein de l’établissement. Pour lutter contre la mauvaise qualité des relations au travail, il a annoncé la création d’une « école des cadres », destinée à donner aux collègues ayant des fonctions d’encadrement un minimum de bagage de base en « management » RH. Le président est en effet choqué d’avoir appris que certain⋅es responsables de service ne disent pas bonjour à leur subordonné·es, ou pas à tou·tes… Il en déduit qu’un manque de respect est à la base de beaucoup de conflits de travail, et qu’un travail de prévention de ces conflits passe par la formation des « cadres » universitaires à la gestion des groupes d’agents sous leur responsabilité.

La FSU salue cette volonté de prévention de la souffrance au travail (alias « risques psycho-sociaux » en novlangue managériale) et espère que la formation ne se limitera pas au rappel des règles élémentaires de la politesse et du respect des autres, qui ont généralement été inculquées à chacun·e d’entre nous depuis notre plus tendre enfance ! Le problème est en effet, selon notre expérience militante, sûrement un peu plus complexe que cela…

Par ailleurs, comme le nombre de collègues de l’EPEX se retrouvant en situation de responsabilité vis à vis d’autres personnels doit allègrement friser les 3000 d’après les estimations de la FSU [1], il est peu probable que ladite « école des cadres » pourra former rapidement autant de personnes.
On imagine donc (et espère même) que la formation sera proposée (voire imposée ?) à celles et ceux identifié·es comme en ayant prioritairement besoin.
La FSU, sollicitée régulièrement pour des problèmes de souffrance au travail, se tient donc à la disposition du président pour l’aider à repérer les « cadres » dont la formation est une urgence !

VP RH BIATSS : du mercurochrome sur une jambe de bois ?

De même, la création annoncée par le président de la fonction de « VP RH BIATSS », confié à un ou une enseignant·e-chercheur·euse interroge : quelles seront ses missions exactes ? Quel lien avec la DGS, autorité hiérarchique des personnels BIATSS ?

La pression au travail, un problème d’excès de conscience professionnelle ?

Par ailleurs, la FSU a pointé lors de cette AG qu’en dehors du manque de formation au « management » d’équipe de certain⋅es collègues en responsabilité, il y a d’autres facteurs structurels qui exacerbent les tensions au travail.
À savoir : le manque de postes, le turn-over des contractuel·les, les restructurations multiples, la mise en concurrence par les primes et les appels à projets auxquels il faut répondre dans les délais imposés pour trouver les moyens de faire son travail, etc. Elle a demandé au président s’il était envisagé de se doter d’éléments pour mesurer la charge de travail demandé et sa soutenabilité.

La réponse du président a été pour le moins surprenante : selon lui, une partie du problème vient de chacun·e d’entre nous, car « on se met parfois la rate au court bouillon en voulant en faire trop » (sic !). Selon le président, la mission de l’encadrement est aussi de faire des choix de priorité, et de dire ce qu’on ne fera pas. Les critères de choix de priorité mis en avant par le président sont : sécurité, santé et formations. Il a affirmé que l’ambiance de travail compte beaucoup dans la performance. Certes… Mais quand il manque de manière durable des collègues, et que le service à rendre aux usagers est toujours le même, ou que les délais de remise de réponse aux multiples appels à projet sont inchangés, comment fait-on pour choisir ce qui ne devra pas être fait pour pouvoir garder le sourire au travail ? On espère que l’école des cadres donnera des réponses aux collègues là-dessus ou on se dit qu’il va falloir passer à un niveau de mobilisation supérieure pour obtenir du gouvernement les moyens de travailler dans des conditions décentes ?


[1Selon le dernier bilan social publié (celui de 2020), rien qu’en titulaires, il y avait à U Lille 1384 personnels BIATSS de catégorie A, encadrant donc normalement des équipes. Il y avait 806 personnels BIATSS de catégorie B, dont la FSU estime qu’environ un⋅e sur deux exerce des fonctions l’amenant à encadrer d’autres collègues. Et 2597 enseignants-chercheurs et enseignants, dont la FSU estime que la moitié au moins se retrouve soit à animer des équipes de recherche, soit à être en responsabilité de composante, département, service, etc. et donc à se retrouver en situation de « N+1 » de collègues BIATSS ou en situation de prendre des décisions ayant un impact sur leurs collègues enseignant⋅es-chercheur⋅es, chercheur⋅es, enseignant⋅es. D’où près de 3000 « responsables » d’équipes de travail (1384+400+1300).