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CFVU des 6, 7, 8 et 9 avril 2020

Déni de démocratie et « continuité » à marche forcée

mardi 14 avril 2020

CFVU du 6 au 9 avril 2020 : déni de démocratie et « continuité » à marche forcée
Comme annoncé par le président J-C. Camart dans un courriel du 10 avril dernier, la commission formation et vie universitaire (CFVU) de l’université de Lille a adopté un plan de « continuité pédagogique » (PCP). Le vote a été favorable pour la Présidence mais son analyse − 22 pour, 12 contre − montre qu’il n’a pas recueilli l’unanimité et que seules les listes affiliées à la Présidence (SynergieS pour les enseignants-chercheurs et Inter Asso pour les étudiants) l’ont soutenu. De plus, la CFVU ne s’est pas déroulée de manière démocratique. Enfin, comme attendu, le plan adopté acte une « continuité » à tout prix au mépris de l’égalité de traitement entre les étudiants.
Un fonctionnement non démocratique
Nous avions alerté sur les risques démocratiques d’une consultation à distance des instances universitaires ( notre article sur le CA du 24 au 27 mars ). Force est de constater que nous ne nous étions pas trompés, bien au contraire.
Conformément à la méthode votée par le CA du 24 au 27 mars, la séance s’est intégralement déroulée par échanges de courriels sur la messagerie électronique de l’université, alors même qu’il existe des dispositifs en ligne de visioconférence offrant toutes garanties, tel celui du groupe public Renater, dont l’université utilise les autres services.
Les 6 et 7 avril ont été consacrés au « débat » et les 8 et 9 avril au vote.
Des échanges lors de cette CFVU, il y en a eu, mais pendant deux fois huit heures, alors que le texte voté par le conseil d’administration prévoit 48 heures minimum d’échanges par courriel. De plus, les listes affiliées à la Présidence ne se sont exprimées qu’une demi-heure avant la fin de la période d’échanges de la seconde journée, une pratique profondément déloyale qui a interdit tout échange avec elles. Quant aux synthèses des débats, elles n’ont été communiquées par la vice-présidente formation que le lendemain à 9 h de chacune des journées, il a donc été impossible d’apporter une quelconque réponse à la clôture des débats de la seconde journée. Échangeons donc, mais sachez que la parole présidentielle est incontestable !
Si les échanges n’ont pas constitué de vrais débats démocratiques, il faut également ajouter que la procédure de vote n’a pas été en reste. En effet, la vice-présidente formation s’est opposée à la demande de la FSU d’un vote séparé sur certaines dispositions contenues dans le PCP, au prétexte fallacieux que le PCP constituait un tout et impliquait un vote en bloc. Mieux, elle a refusé de soumettre au vote toutes les motions (nous en avons compté 12) présentées par les listes non affiliées à la Présidence. Les motifs invoqués ont été des plus fantaisistes et illégitimes : illégalité prétendue sans justification du contenu de la motion, motion impliquant la dissociation de certains points du PCP, motion non soutenable financièrement ou, comble du mépris, absence de demande écrite, lors du dépôt de la motion, que celle-ci soit soumise au vote alors que la formulation était plus qu’explicite. Ces refus ayant été exprimés par la vice-présidente formation après la clôture des débats, il a dès lors été impossible de les contester. Jamais de telles entraves à la démocratie n’auraient été possibles lors d’une séance en présentiel ou par visioconférence.
Ainsi, la crise sanitaire a bien eu raison, en moins d’un mois, de la démocratie universitaire. Étant donné le déroulement catastrophique de cette CFVU, chacun pourra envisager de contester la sincérité des délibérations, notamment les étudiants lésés par les modalités d’évaluation retenues pour le deuxième semestre. Il est regrettable que, dans la période actuelle, la Présidence privilégie plus que jamais le passage en force à la construction par le consensus.
La « continuité », quel qu’en soit le prix !
La FSU a exprimé, depuis le début du confinement, ses craintes et ses doutes concernant la notion même de « continuité » pédagogique. Sur ce point, nous renvoyons aux volumineuses contributions que nous avons transmises aux membres de la CFVU ( contribution et contribution-suite ). Les réponses apportées par la vice-présidente formation, que nous mettons à votre disposition, ne nous semblent pas à la hauteur (synthèse des débats du 6 avril et synthèse des débats du 7 avril disponibles en dessous de l’article ), d’autant que nous ne sommes pas les seuls à avoir exprimé de fortes inquiétudes. Ainsi, le vote de la CFVU acte des sessions initiales et de rattrapage exclusivement à distance et autorise le recours à des évaluations synchrones et à des évaluations en télésurveillance. Pour les étudiants empêchés de suivre les enseignements à distance et d’être évalués à distance, des modalités de substitution extrêmement vagues sont envisagées selon un calendrier non fixé. Le paradoxe c’est que ces étudiants « non connectés » devraient être identifiés par une consultation de l’ODiF annoncée par un courriel envoyé le 26 mars.
La « continuité » à marche forcée concerne aussi l’offre de formation 2020-2024 dont la Présidence n’envisage aucunement de reporter l’élaboration et la mise en place, rejetant une demande de la FSU d’un report d’un an de la mise en place de la maquette.
Sur la vie étudiante, des mesures locales consensuelles
La CFVU était également réunie pour examiner les dispositifs d’aide aux étudiants précaires ou isolés. La CFVU a notamment approuvé à l’unanimité le versement d’une aide d’urgence de 200 euros aux étudiants identifiés comme en situation de grande précarité (au nombre de 1200 au moment de la CFVU). De même, elle a adopté à l’unanimité l’augmentation du budget consacré aux aides sociales étudiantes, en redirigeant notamment des fonds issus de la CVEC ou du FSDIE destinés initialement aux projets associatifs ou à des projets de vie étudiante dont les dépenses sont reportées à l’année prochaine.
Toutefois, comme l’a souligné la FSU ( contribution aide aux étudiants ), un manque de communication demeure autour des aides mises en place, quoi qu’en dise la réponse de la Présidence (disponible en dessous de l’article). En parallèle, si les actions locales sont nombreuses, des mesures nationales sont plus que nécessaires : a minima la prolongation des bourses en juillet (puisque les examens se dérouleront jusqu’en juillet au moins), et l’arrêt de la perception de loyers en Cités Universitaires, les étudiants n’ayant pas vraiment choisi d’y être confinés.