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Déclaration au CA de l’Université de Lille du 7 novembre 2019

jeudi 14 novembre 2019, par Laurence Desjonquères

Déclaration au CA de l’Université de Lille du 7 novembre 2019
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, c’est bien connu !

Selon les informations à la disposition du SNESUP-FSU et comme le stipule l’ordre du jour du CA, celui-ci est appelé à se prononcer sur la « suspension de la mise en œuvre du programme Bienvenue en France pour l’année universitaire 2019-2020 » Le SNESUP-FSU rappelle qu’il avait à l’époque dénoncé et appelé à combattre, nationalement comme localement, la mise en place de cette mesure discriminatoire dirigée contre les étudiants étrangers extra-communautaires.

En appliquant de manière pro-active une directive qui constitue une rupture majeure du principe du libre accès à l’éducation et aux études supérieures, nos décideurs locaux, docilement suivis par leurs élus, ont réussi à faire entrer l’université de Lille dans un « top seven » : celui des seules 7 universités ayant mis en œuvre cette mesure en 2019-2020 .

Mais ont-ils vraiment fait preuve de discernement et d’analyse critique ?
Ce ne sont pas les seuls éternels ronchonneurs syndicaux qui le disent : c’est le Conseil Constitutionnel lui-même, qui, sur une question prioritaire de constitutionnalité (la décision n°2019-809 QPC du 11 octobre 2019) rappelle l’exigence de gratuité et d’égal accès à l’instruction dans l’enseignement supérieur.
Les élus du SNESUP-FSU et d’autres organisations syndicales avaient pourtant tiré le signal d’alarme sur cette question et bien d’autres.

Quand prendra t on le temps d’un réel débat sur toutes les questions qui menacent le service public d’enseignement supérieur et de recherche ? Quand cessera t on d’être les francs-tireurs d’une politique libérale dont le seul objectif est la mise à mort des services publics, des fonctionnaires et de l’enseignement supérieur en particulier ? Quand cessera t on de ne voir en les élus syndicaux que des empêcheurs de tourner en rond ?

Cette décision du Conseil Constitutionnel peut, si nous le voulons, être salvatrice et initier une dynamique nouvelle dans cette Université :
Il faut prendre date et, non pas suspendre la mesure, mais l’abroger totalement.
C’est une mesure discriminatoire qui n’a pas sa place dans l’Université.
Il faut créer le rapport de forces nécessaire pour arracher les moyens matériels et humains permettant de recouvrer la qualité du service public d’ESR au lieu de chercher l’argent dans les poches des étudiants, en commençant par les étudiants étrangers qui sont ceux qui risquent le moins de se mobiliser !
Les élus du SNESUP-FSU et d’autres organisations syndicales avaient pourtant tiré le signal d’alarme sur cette question et sur bien d’autres d’ailleurs.

Ainsi le SNESUP, qui défend les coopérations librement consenties entre établissements sur des projets scientifiques ou pédagogiques ayant un sens, avait combattu la mise en place de la COMUE, surcouche bureaucratique inutile : elle est finalement en cours de dissolution, au motif avancé par les présidents qu’elle ne permet pas de travailler aux coopérations, après avoir coûté quelques centaines de milliers d’euros d’argent public pour sa mise en place .
Aussi, le SNESUP-FSU rappelle-t-il ici, en espérant enfin être écouté avant plutôt qu’après, son opposition à la nouvelle restructuration à la mode, celle de l’Université cible, présentée par nos élites éclairées comme la seule possibilité de rester dans une course démentielle, dont les personnels font les frais à chaque fois que la mode change !

Pour le SNESUP-FSU, la responsabilité des directions d’établissement élues par les personnels n’est pas de tourner selon le sens du vent, mais de préserver le bien commun que constitue le service public d’enseignement supérieur et de recherche, ouvert sans condition de fortune à celles et ceux qui souhaitent accéder à la connaissance.

Ce n’est pas le sens des réformes actuelles dont la volonté est de tendre vers le modèle anglo-américain afin d’insérer l’enseignement supérieur français dans le marché de la connaissance, pour le plus grand profit d’un secteur privé aux aguets. À l’heure où l’urgence climatique apparaît de plus en plus clairement aux yeux de nombreux citoyens et en particulier des jeunes, il importe de garder ouvert l’accès à la connaissance et de ne pas alimenter un modèle dont les ravages se révèlent chaque jour.