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Intervention de la police sur le campus Pont de Bois
Courrier intersyndical du 14/02/2025 au président Bordet
lundi 17 février 2025
Monsieur le Président,
Les organisations soussignées s’indignent des interventions de la police sur le campus Pont de Bois les 12 et 13 février derniers, manifestement destinées à étouffer des prémices d’un mouvement étudiant contre l’austérité budgétaire, qui se renforce pour l’enseignement supérieur et la recherche, et contre la dégradation des conditions de vie et d’études des étudiant·es qu’elle entraîne.
Les interventions du 12 février ont été menées brutalement, entraînant intimidations et gazage des étudiant·es mobilisé·es, mais aussi des autres étudiant·es venu·es suivre leurs cours.
En particulier, le gazage sur la passerelle menant au campus le 12 février à une heure de forte affluence aurait pu déclencher un mouvement de foule aux conséquences désastreuses.
La police n’étant pas autorisée à intervenir sur les campus sans demande expresse du président, sauf exception cadrée par la réglementation et les jurisprudences, non avérée dans ce cas, nous en déduisons que ces interventions policières ont été réalisées à votre demande. Nous condamnons ce recours à des forces dites de l’ordre qui engendrent de fait un grand désordre et mettent en danger la sécurité des étudiant·es.
Le maintien de l’ordre et de la sécurité sur les campus universitaires incombe à la direction de l’université et suppose que celle-ci fasse avant tout preuve d’esprit de dialogue. Or, nous n’avons aucune information sur une volonté de la part de la présidence d’entrer en discussion avec les étudiant·es mobilisé·es. Il semble dès lors qu’une gestion autoritaire de la mobilisation a été privilégiée, ce qui constitue un précédent dangereux pour les libertés académiques et démocratiques dans notre université, qui s’affiche pourtant comme une université « d’excellence sociale ». Nous pensons que, dans une telle situation, c’est avant tout le dialogue qui doit l’emporter.
Les revendications des étudiant·es sont légitimes, et rejoignent celles des présidences d’universités mobilisées à leur manière les 21 novembre et 3 décembre derniers. Ces mobilisations à l’initiative de France Universités n’ont clairement pas suffi à faire bouger les lignes politiques. En effet, la loi de Finances 2025 imposée par le gouvernement le 5 février, via le recours à l’article 49-3 de la Constitution, n’a pas seulement réduit les crédits de l’enseignement supérieur et de la recherche : elle a confirmé une politique d’austérité structurelle, dénoncée par nos organisations, qui ne répond ni aux besoins des universités, ni aux revendications portées par la mobilisation des étudiant·es et des personnels. Cette nouvelle coupe budgétaire s’inscrit dans une tendance continue de désengagement de l’État, contre laquelle même France Universités s’est positionnée à juste titre, sans pour autant obtenir le moindre infléchissement de la trajectoire gouvernementale.
Nous ne comprenons pas ce recours à la police qui, effrayant les étudiant·es, apparaît donc de facto comme un soutien à l’écrasement de toute mobilisation face à une austérité budgétaire qui touche étudiant·es et personnels de l’université.
Veuillez agréer, Monsieur le président, l’expression de nos salutations militantes.
Les responsables des organisations de personnels et d’étudiant⋅es : FSU, CGT, Sud éducation, SUD-Solidaires Etudiant⋅es, UNEF, Union étudiantes, FSE