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Non, la simplification ne réglera pas tous nos problèmes

mardi 29 avril 2025

Le 24 avril a été présenté en CSA la politique de simplification de l’Université de Lille (voir document joint). La FSU, qui a participé aux réunions de consultation autour de ce document, avait déjà livré une première analyse de cette politique de simplification.

L’amélioration des procédures administratives, pour les collègues et pour les étudiant·es, est un objectif louable. À ce titre, la politique de simplification proposée, par sa méthodologie (recensement des difficultés rencontrées par les personnels via une enquête et des consultations qui ne se limitaient pas aux chef·fes de service) et même par son contenu, apporte des réponses positives.
En témoigne le projet de généralisation du parapheur électronique, notamment pour signer les conventions de stage, la dématérialisation du Registre sécurité et santé au travail (RSST), déjà mise en œuvre mais opportunément intégrée à la politique de simplification, ou encore l’amélioration des procédures de rémunération des personnels vacataires visant à réduire les délais de paiement.
La FSU observe toutefois que d’autres mesures réclamées par les syndicats n’ont pas été retenues, comme l’accès aux documents préparatoires des instances pour tou·tes les agent·es ou l’amélioration de l’application d’emploi du temps (à l’exception d’une signalétique pour indiquer les salles accessibles PMR).

La « simplification » est toutefois une notion fourre tout. C’est en effet d’abord un mot d’ordre politique récurrent depuis plus d’une décennie : il permet de faire passer pour incontestable tout un ensemble de mesures, certaines positives pour les agent·es et les usager·es, d’autres néfastes pour les conditions de travail ou le statut des agent·es tout autant que du point de vue du service aux usager·es. Qui peut bien s’opposer à la « simplification » ?

En effet, derrière la politique de simplification, il y a d’abord le respect d’obligations légales : il ne faut donc pas nécessairement voir les mesures proposées comme des gestes de générosité en faveur des collègues. Par exemple, la loi oblige depuis 2022 l’université à rémunérer sur une base mensuelle ses enseignant·es vacataires. Elle ne le fait pas et la mesure proposée, consistant à améliorer les procédures, reste floue dans sa mise en œuvre et dans son impact sur les délais de paiement.

Ensuite, la simplification est avant tout associée à de la numérisation. Cela a du sens : comment expliquer que, en 2025, les signatures électroniques ne soient pas généralisées et que de nombreuses saisies soient encore réalisées sur papier pour ensuite être numérisées ? En termes de temps de travail, de sobriété et d’accessibilité, la numérisation a du sens. Elle comporte toutefois des risques. D’abord parce que numériser, c’est parfois déshumaniser les relations avec les étudiant·es et les collègues. C’est pour cela que nous faisons un bilan très critique de l’essor du "ticketing" et que nous nous opposons fermement aux projets visant à utiliser l’intelligence artificielle générative pour échanger avec les étudiant·es. Mais numériser, cela représente aussi un coût environnemental : les propositions d’étendre les usages de l’IA générative, par exemple pour écrire des comptes-rendus de réunions, ne sont pas sans conséquence sur l’impact écologique de l’établissement [1]. Or, cet enjeu est souvent masqué. Il en est de même de la formation pas toujours effective des étudiant·es et même des personnels aux outils numériques. Par ailleurs, l’ergonomie des outils numériques mis à disposition pour "simplifier" n’est pas nécessairement optimale et complique parfois considérablement l’expression des demandes ou ne permet pas de répondre vraiment aux besoins.

Enfin, la simplification est quasi-exclusivement appréhendé sous l’angle des seules procédures administratives. Mieux communiquer sur des procédures et les simplifier, c’est évidemment participer à l’amélioration des conditions de travail et de vie à l’université. Mais ce n’est en rien suffisant.
Par exemple, il est proposé de mieux anticiper en amont les aménagements d’études et d’examen pour les étudiant·es en situation de handicap et leurs implications concrètes. Mais, comme l’a rappelé la FSU, à moins de réduire ces aménagements (ce qui n’est pas politiquement souhaitable et légalement conforme), cette « anticipation » ne règle en rien la plupart des problèmes rencontrés : les collègues devront toujours se dédoubler pour surveiller des examens dans plusieurs salles et sur des horaires élargis et se charger de la récupération, de l’acheminement et du retour du matériel nécessaire à l’examen (ordinateur notamment). Pour faire face à ces problèmes, il faut des moyens, ici humains.

Il en est de même lorsqu’il est question de développer des applications ou encore de rendre les applications existantes plus interopérables ou accessibles. Considérer qu’il est facile de « simplifier » à moyens constants est au mieux naïf, au pire dangereux pour les conditions de travail des collègues.
Pour ces raisons, la FSU s’est abstenue sur la politique de simplification lors du CSA du 24 avril. Elle restera particulièrement attentive aux mesures concrètes et à leur mise en œuvre.