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Amendement de suppression de l’HCERES adopté en commission des lois

Une mesure de simplification à confirmer !

samedi 29 mars 2025

La commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de "simplification de la vie économique" a adopté le 24 mars 2025 d’adopter un amendement de suppression du HCERES, via la suppression de la section du Code de la recherche correspondante). voir ici pour plus de détails.L’amendement devrait être voté le 5 avril en séance.

Le SNESUP-FSU revendique également la suppression de cet organe bureaucratique et épuisant pour les collègues.

L’auteur de l’amendement, par ailleurs chercheur en écologie, a développé son argumentation sur son blog.

Nous en citons ici des extraits qui nous semblent particulièrement parlants :

Sur le fond, cette agence et l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) sont les pierres angulaires de la mise sous tutelle de la recherche publique et la mise en place du « New Public Management » dans ce secteur.

[...]

Nous sommes ainsi passé de chercheurs fonctionnaires travaillant avec des crédits récurrents et décidant assez largement de leurs orientations de recherche et de leurs méthodes pédagogiques, à des permanents qui passent leur temps à chercher de l’argent pour employer une armée de précaires. Comme je l’ai dit, l’ANR et le HCERES sont les deux piliers de cette grande transformation.

[...]

Ces évolutions ont favorisé un système d’évaluation de la science basé sur la bibliométrie et des indicateurs quantitatifs en termes de publications et de citations, plutôt que sur la qualité des questions scientifiques ou sur la cohérence et la continuité recherches. Ce système favorise la compétition, mais surtout l’explosion du nombre de publications. Les burn out se multiplient, plus personne ne lit vraiment les articles et la science est menacée. Pire les fraudes se multiplient. Du coup, on donne comme mission à l’instance qui a favorisé l’émergence de ces fraudes [1], le HCERES, de faire respecter l’intégrité scientifique. Pour ceux qui ont suivi ces évolutions, c’est proprement orwellien.

[...]

Évidemment, la suppression du HCERES suscite l’émoi des bureaucrates en herbe. Comment va-t-on remplacer cette agence ? La première réponse c’est que la communauté scientifique a très bien vécu sans cette agence et son ancêtre (AERES) jusqu’en 2006. Mais surtout, l’important est que les scientifiques recouvrent toute leur indépendance quant à l’organisation des évaluations. Les structures d’évaluations doivent donc être démocratiques et non technocratiques.

[...]

Enfin, cela ne viendrait à personne l’idée d’aller évaluer les unités de recherche des laboratoires pharmaceutiques comme SANOFI qui profitent des 7,6 Md€ du Crédit Impôt Recherche (CIR). Il serait peut-être possible de recycler le HCERES pour enfin évaluer l’usage du CIR par les laboratoires de recherche privée.


Voir en ligne : Evaluation HCERES : la pensée tableur en action pour imposer l’approche par compétences dans les formations ?


[1L’exemple typique est celui de Didier Raoult, le biologiste français le plus cité au monde, qui a organisé un système de management toxique permettant une très grande productivité scientifique au détriment de la qualité et de l’éthique. Ce type de fonctionnement était favorisé par ce système et a conduit au fiasco sur la chloroquine….